MASSE Jacques Né le
23/07/1910 à Paris, décédé dans la même ville le 13 juin 2002 ; avocat à
la Cour d’Appel de Paris, conseiller général, socialiste indépendant, de Lunas
(Hérault). Jacques
Masse est né le 13 Juillet 1910 à Paris. Il est le fils de Pierre Masse,
conseiller général républicain-socialiste de Lunas de 1907 à 1940, député en
1914, ancien secrétaire d’État à la justice militaire en 1917 puis sénateur de
l’Hérault à compter de 1938. S’il réside à Paris, il n’en est pas moins, dès
les années 1930 intégré, par son père, dans le jeu politique héraultais.
Suivant les campagnes de ce dernier, il se fait localement connaître, tâche
d’ailleurs facilitée par la notoriété de sa famille. En effet, son arrière
grand père, ingénieur des mines, dirigeait les deux gros employeurs locaux
qu’étaient la Compagnie des Mines de Graissessac et du Bousquet d’Orb ainsi que
la Verrerie du Bousquet et sera d’ailleurs maire de la commune, comme son petit
et son arrière petit-fils. Prédestiné
par son père à reprendre le flambeau politique familial, Jacques fait partie d’une
famille patricienne. Comme son père (issu d’une lignée de juristes
strasbourgeois puis parisiens), il s’inscrit en 1934 au barreau de Paris et
devient secrétaire de la conférence de stage. Mobilisé en 1939 en tant
qu’officier dans les chasseurs alpins, il est fait prisonnier et passera le
reste de la guerre dans les stalags. C’est là qu’il apprendra l’arrestation
puis la déportation de son père tombé sous le coup des lois antisémites. De
retour dans le département en 1945, Jacques Masse y rencontre un ami de la
famille, le préfet Weiss qui le pousse, en attendant le retour de son père (son
décès dans les camps ne sera connu que plus tard), à être candidat sur le
canton de Lunas. Seul candidat, il est élu avec 2370 voix sur 3752 inscrits. Au
sein du conseil général, il soutient la majorité socialiste et se définit
socialiste indépendant. Solidaire de la SFIO, il obtient le secrétariat du
conseil général et le poste de rapporteur de la commission des travaux publics,
poste déjà détenu par son père. Très vite, il apparaît plus comme un technicien
des affaires départementales que comme un politique. Au Bousquet d’Orb, il ne
souhaite pas dans un premier temps solliciter de mandat local, tant parce que
son père lui avait déconseillé ce choix que par la nécessité de remonter à
Paris son cabinet d’avocat. Néanmoins, en 1948, le décès du maire sortant, le
socialiste René Thomas, pose le problème de sa succession dans un conseil
municipal divisé et inquiet de la progression communiste. La majorité du
conseil pousse alors la candidature de Jacques Masse qui est élu conseiller
municipal le 10 mai 1948 puis maire le 13. Il restera en fonction jusqu’au 26
avril 1953. À cette date, il décide de ne pas se représenter et soutient la candidature
du socialiste Adrien Vernet, lui-même continuant à siéger au conseil municipal jusqu’en
1959. Sur le canton, sa situation politique est très solide. Il est réélu en
1951 et le restera jusqu’au renouvellement triennal de 1976, devenant
entre-temps vice-président du conseil général. Dans
le département, Jacques Masse est le dernier élu absentéiste, vivant la plus grande
partie de l’année à Paris. Fondateur d’un important cabinet d’avocat
d’affaires, membre du conseil de l’ordre, il ne vient qu’épisodiquement dans le
département, pour les vacances et les sessions du conseil général. Toujours
soutenu par la SFIO puis la FGDS, il est néanmoins peu intégré au sein du
groupe socialiste auquel il est rattaché. Les socialistes le soutiennent à
défaut de pouvoir lancer une candidature alternative, mais ont obtenu de sa
part la mise en place de la municipalité socialiste du Bousquet d’Orb.
Néanmoins, ce soutien croisé n’empêche pas Jacques Masse de pousser son propre
candidat à sa succession en 1976, contre le candidat soutenu par le PS. Ayant
vendu sa propriété familiale, il ne souhaite pas alors se présenter et propose
comme successeur le maire de Lunas, le divers gauche Mathieu Ciffre qui sera
élu conseiller général. À compter de cette date, Jacques Masse cessera toute activité
politique. SOURCES
:
Archives : F/1cII/285. F/1cII/291. F/1cII/320. Dossiers Hérault, archives de
l’OURS. ADH 1068 w 107. Entretien avec l’auteur, entretien avec René Campo.
Bibliographie : Annette Lyon-Caen, “Pierre Masse”, mémoire de maîtrise
d’histoire, Paris I, 1996-1997 ; Pierre Masse, Paris, Calman-Levy, 1947
; Christine Côte, “Les élus du bassin minier de Graissessac”, mémoire de DEA,
Montpellier 1, 1991-1992 ; Délibérations du conseil général de l’Hérault
1945-1976. Olivier Dedieu |